La restriction cognitive ou pourquoi les régimes font grossir

Souci esthétique, soin de soi, santé ou pression sociale, aujourd’hui les motivations à perdre du poids sont nombreuses. Les conseils et les injonctions alimentaires ne manquent pas : manger cinq fruits et légumes par jour, ne pas manger entre les repas, etc…
On sait aujourd’hui que les régimes sont un échec dans plus de 90 % des cas et on connaît les risques de la restriction alimentaire sur le moral, l’estime de soi : en baisse, et surtout sur le poids : en hausse. La relation à son corps devient une souffrance et la nourriture une obsession.

Le principe des régimes c’est essentiellement de se restreindre : pas de féculents le soir, plus de sucres, des protéines le matin, etc… Manger moins gras, moins salé, moins sucré, oui, mais moins que combien, ça n’est pas précisé, ce qui laisse penser que toujours moins c’est toujours mieux. On va jusqu’à classer les aliments en deux catégories, les aliments autorisés : équilibrés, non grossissants, et les aliments interdits : ceux qui font grossir. On mange alors selon des grilles diététiques, en comptant ses calories, en se référant aux qualités nutritionnelles des aliments et non plus en fonction de son appétit ou de ses envies. On ne mange plus un couscous poulet ou une glace à la fraise, mais 50g de protéines, un tiers de féculents, une portion de fibres.

Le risque est de perdre le contact avec ses sensations alimentaires et le plaisir à manger va être remplacé par des calculs, de l’anxiété et de la culpabilité. On parle de restriction cognitive quand le souci de ne pas prendre de poids ou d’en perdre domine les choix alimentaires. On s’interdit certains aliments ou on s’oblige à en manger d’autres avec un objectif de minceur.
Suite à ces efforts répétés, une sensation de privation s’installe et on risque de céder à des envies et des prises alimentaires compulsives. Plus on se retient plus on craque, et plus on craque, plus on craque plus on s’en veut et plus les résolutions à se restreindre davantage sont renforcées : Ne plus manger de chocolat et y penser tout le temps. Ne plus en acheter pour ne pas manger toute la tablette d’un coup. Et tout manger pour ne plus avoir de chocolat chez soi.
Ces crises entraînent un sentiment d’échec, une grande culpabilité et du découragement : « Je suis nul.le, je n’y arrive pas, je suis incapable de me retenir ; Puisque j’ai mangé un gâteau (interdit-gras-sucré), autant manger tout le paquet ; Puisque demain je recommence à me priver, autant finir la baguette et la tablette. »

Pour sortir de ce cercle vicieux et retrouver (ou trouver) plus de spontanéité et de tranquillité dans son rapport à la nourriture on expérimente un autre regard sur la nourriture et sur ses besoins. La régulation alimentaire s’appuie sur les sensations de faim et de satiété. Il s’agit de manger en tenant compte de sa faim et en se faisant plaisir, avec le constat que le poids va se maintenir stable sur le long court.
Les repères sont alors les sensations alimentaires : La faim et la satiété comme signes des besoins métaboliques. On mange ce dont on a envie, sans diaboliser les aliments et en profitant de leurs qualités gustatives. On s’arrête de manger lorsqu’on a assez mangé pour ne plus avoir faim et en étant satisfait, pour passer tranquillement à autre chose.

Cette démarche implique une réflexion sur les émotions, largement impliquées dans les compulsions alimentaires, une réflexion critique sur les règles alimentaires, une (re)connexion à ses goûts et son rythme.